* La traductrice que vous êtes : Telles des énigmes, des ponts qui se font et se défont comme ce pont de Višegrad, véritable héros de l’œuvre du prix Nobel yougoslave Ivo Andri?, Le pont sur la Drina, j’ai longtemps tourné autour des textes avant de les arpenter, les traverser puis les regarder de l’autre côté comme la voyageuse assoiffée de rencontres que j’étais et que je continue d’être. C’est comme ça que je perçois la traduction : organique et sensorielle. Comme une idée de l’autre. Des bancs d’école et d’universités aux heureux hasards de mes pérégrinations, j’ai tissé des liens avec des langues, des contrées mais surtout des gens qui m’ont ouvert des mondes que je ne soupçonnais pas. Je décide d’entrer dans un texte quand il me résiste ou me tombe des mains, de me rapprocher d’une autrice ou d’un auteur qui me touche par son moi qui surgit dans l’écriture et qui laisse parler son empire intérieur comme disait Saint-Exupéry. * Pourquoi la traduction littéraire ? Être chercheuse d’or et de voix, les dégoter et les mettre en lumière : c’est ça qui me galvanise dans la traduction littéraire ! * Mot préféré : révolution * Citations préférées sur la traduction : « Les écrivains font la littérature nationale et les traducteurs font la littérature universelle » de l’écrivain et journaliste portugais José Saramago. « La traduction transforme tout afin que rien ne change » de l’écrivain et artiste allemand Günter Grass. * Pays où je rêverais de vivre : L’un des pays de l’ex-Yougoslavie bien sûr ou en Patagonie ! * Métier dans une autre vie : Espionne. La maîtrise de plusieurs langues permet de se fondre facilement dans un décor, une foule ou un pays et on m’a souvent prise pour une agente des services secrets ou d’espionnage de… l’Est !